Look at us now
Elle traînait sur un cintre poussiéreux dans une boutique de seconde main, entre des manteaux élimés et des blousons passés de mode. "Look at Us Now", qu’elle s’appelait. Le nom était brodé à l’intérieur, juste sous l’étiquette effacée, comme un message intime, presque un défi.
À première vue, c’était une veste comme une autre, mais ses motifs racontaient autre chose. Des pavés dessinés à la main, des ruelles étroites et des lampadaires qui semblaient vaciller sur un tissu sombre. Un détail sautait aux yeux : les motifs n’étaient pas statiques. Ils bougeaient, lentement, subtilement, comme si la veste respirait les souvenirs d’un monde enfoui.
C’est un type appelé Jérémie qui l’a achetée ce jour-là. Un gars du genre perdu, le regard fuyant, traînant son ennui de trottoirs en cafés. Quand il l’a vue, il a ressenti un truc. Pas juste de l’esthétique, mais une connexion, comme si cette veste murmurait quelque chose qu’il avait oublié.
La première fois qu’il l’a enfilée, c’était un soir d’automne. Le vent était glacial, mais la veste était chaude, réconfortante. Jérémie a jeté un œil à ses motifs et a remarqué quelque chose d’étrange. Une ruelle qu’il ne connaissait pas s’était ajoutée au design. Curieux, il a suivi l’impulsion étrange qui l’a conduit à marcher dans les rues de sa ville, sans but précis.
C’est là qu’il l’a trouvée. La ruelle. Celle qui était apparue sur la veste. Elle n’avait pas de nom, juste des pavés usés et une lumière tamisée par des fenêtres aux rideaux fatigués. Il s’est arrêté, incrédule, le cœur battant. Et il a senti, pour la première fois depuis longtemps, qu’il faisait partie d’un tout.